Entretien avec Agnès Buzyn sur le choix d’aide active à mourir

Suite à ma → lettre ouverte à la Ministre de la santé à propos du droit à choisir l’euthanasie , Agnès Buzyn m’a accordé un entretien durant lequel nous avons longuement échangé sur la Loi Léonetti, que la Ministre, conformément à la ligne de conduite d’Emmanuel Macron, dit vouloir faire exister, et connaître auprès des français. Elle justifie ses propos de 2015  en faveur de la loi Belge par le fait que la révision de la loi Leonetti 2016 n’avait   pas encore été votée… ce qui me semble être  une défausse.

Agnès Buzyn soutient qu’à sa connaissance et dans l’exercice de la médecine, elle n’a jamais rencontré de malades demandant une aide  active à mourir et que tous se contentent des soins palliatifs existants et veulent aller au terme de leur agonie.

La Ministre me dit aussi qu’elle n’entend pas les français demander un droit à choisir l’euthanasie et que ce ne sont que quelques cas particuliers, comme moi-même, qui expriment ce choix. .  Elle est aussi convaincue que dans le cadre de la Loi Léonetti les volontés des malades sont toujours respectées,  y compris la sédation  profonde sans réveil.

Elle semble  ne pas savoir que la plupart du temps les médecins réveillent régulièrement les malades sédatés soi-disant profondément et définitivement ainsi qu’ils en ont exprimé la volonté, pour leur demander s’ils veulent toujours continuer à être sédatés. Chose inouïe puisque lorsqu’on est endormi ne serait-ce que pour une petite intervention de 20 minutes, on nous demande de ne pas prendre de décision pendant  les 48 heures suivantes,  ne bénéficiant plus de toute notre vigilance à cause de l’anesthésie.

Enfin, la Ministre de la santé ne pensait pas qu’il pouvait y avoir un tel manque d’équité face à cette loi, puisque pour un même malade, selon l’équipe médicale en place, il obtiendra ou non la sédation profonde .

Après que la ministre m’a exposé la situation telle qu’elle la pense réelle, elle a attentivement écouté mes arguments, et les faits que je lui ai rapportés qui démontrent que tout cela est une contrevérité. Je lui également affirmé que soins palliatifs et droit à l’euthanasie devaient être complémentaires et coexister comme cela se fait en Belgique où seuls 2% des fins de vie choisissent l’euthanasie.
D’ailleurs, et puisqu’elle  a fait référence plusieurs fois au CCNE (comité consultatif national d’éthique), je lui conseille  de lire A la vie A la mort du  sociologue Philippe Bataille, et la relecture de ce rapport accablant sur l’état des lieux de la fin de vie en France, toujours d’actualité malgré la loi Léonetti.  

Agnès Buzyn dit reconnaître  pourtant  que les malades sont tout autant experts que les médecins pour philosopher sur la fin de vie et décider de la façon dont ils veulent finir leur existence. Elle affirme être à l’écoute et  désireuse d’être au plus près de la réalité avec un souci d’équité,  et m’a demandé de lui adresser tous les témoignages que j’ai reçus qui attestent de ce qui se passe lorsque les malades expriment leur volonté qui n’est pas souvent respectée. Tous les témoignages qui attestent également de la volonté des Français , de toute pensée , d’obtenir le droit à choisir la façon dont ils veulent mourir lorsqu’il sont en fin de vie, que ce soit pour aller jusqu’au bout de leur maladie, ou pour abréger activement leurs souffrances qu’elles soient physiques ou existentielles.

Pour autant je ne suis pas dupe de l’inutilité de ma démarche auprès d’elle puisqu’elle m’a aussi dit qu’elle n’avait pas l’intention de ré-ouvrir le débat.

Ce qui ressort de cet entretien :

  • les femmes et les hommes politiques ne sont pas en phase avec la vraie vie, avec ce que vivent réellement les Français. Ils bottent régulièrement en touche, manquent de courage, se retranchant derrière leur fameux « bien collectif » qui doit prévaloir sur « le bien individuel », ce qui en matière de mort me fait bien rigoler quand même.

  • Des contrevérités sont émises par les politiques et une partie du corps médical français, et reproduites par les médias sans qu’il n’y ait  jamais controverse constructive  ni débats avec les malades qui vivent la réalité des faits, y compris lorsque les soi-disant spécialistes experts affirment qu’en Belgique les médecins sont obligés de pratiquer l’euthanasie, (cf  par ex. entretien du 16 mars entre Raphael Enthoven et Bernard-Marie Dupont ) et  ce qui est faux.  Je ne pense pas qu’ils aient prient connaissance de la loi belge sur l’euthanasie  ni même qu’ils aient interrogé les familles de  français ayant bénéficié de cette loi belge ou ceux qui s’apprêtent à mourir en Belgique, donc ceux à même de relater la réalité.

  • les français ne savent pas exprimer  à leur médecin ou publiquement leur volonté d’obtenir le droit de choisir l’euthanasie, et ne remplissent pas leurs directives anticipées, ce qui permet au pouvoir et au corps médical d’affirmer qu’ils  sont satisfaits de leur sort  dans le cadre de la  fin de vie Léonetti existante.

  • C’est aux députés, aux français, aux journalistes faisant preuve de professionnalisme, tous concernés puisque tous mortels,  d’œuvrer sans relâche pour s’emparer du débat et réclamer sans attendre ce droit à choisir l’euthanasie, qui n’oblige personne, ni les malades ni les médecins, et qui n’affaiblit en rien , bien au contraire  ,les soins palliatifs.  C’est à nous tous de  manifester haut et fort  cette liberté jusque dans la rue , quand les intégristes catho y descendent pour faire croire à leur toute puissance et à leur  majorité , quand ils sont en réalité si minoritaires.

  • vidéo mon entretien sur FRANCE 3

Un commentaire Ajoutez le vôtre

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