[….Des secrets plein la tête et des picotements plein la culotte, nous rêvions à ces contrées fabuleuses où les loups côtoient les princesses et les sultans sont montés comme des canassons. Alors nous retournions à nos tristes quotidiens en attendant la semaine suivante et les beaux contes de mémé lubrique]
C’est par ces mots que se conclut le dernier opus d’Etienne Liebig. Assurément Les contes de mémé lubrique ne sont pas écrits pour les âmes sensibles, les mornes ni les fâcheux. L’érotisme et la pornographie peuvent être drolatiques, Etienne Liebig qui s’était déjà illustré dans ce registre avec Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle, donne ici dans la truculence, ses contes pornographiques sont croustillants comme des petits pains chauds et sa mémé scandaleusement chiennasse.
L’exercice de la version sexe des contes pour enfants est certes classique mais Liebig décoince à coup sûr -au moins- les zygomatiques – et l’ écrivain espiègle s’en donne à cœur joie pour relooker Aladdin flanqué d’une mère certes bonne conseillère pour son rejeton mais sacrément opportuniste, notamment avec le génie de la lampe drôlement bien membré. Et s’il fallait bien sûr s’attendre à ce que ce ne soit pas une chaussure à essayer au pied des princesses et de Cendrillon, on peut cependant méditer sur le fait qu’un cul ne vaut pas un autre cul même en s’adonnant au plus grand libertinage. Mais j’ai un faible pour la parodie du conte la Belle et le Bête renommé La Belle et la Bite, savamment menée, et sa morale redorée.
Ce qui est plaisant avec Etienne Liebig, c’est qu’il enfile sans vergogne à la queue leu leu le plus cru, voire poissard langage avec un respect total de la grammaire et de la concordance des temps. Et ce choc des cultures ajoute à la cocasserie. Bref, amusez-vous en ces temps si mortifères, et, chaque soir avant qu’il ou qu’elle ne s’endorme, racontez à votre partenaire, compagne, compagnon, mari ou épouse un conte de mémé lubrique, vous le ou la ferez rire pour le moins, et remercierez Liebig…le rire étant parfois plus difficile à offrir et à prendre que le pied.
Eteinne Liebig, Les Contes de mémé lubrique, La Musardine, octobre 2014, 203 pages, 16 euros.
trop bon !