Ce livre numérique érotique m’a été envoyé par l’auteur, je l’ai lu hier soir dès réception pour éviter qu’il ne se perde dans mon dossier de textes e-pub en attente de lecture. A vrai dire l’argument de la présentation ne me faisait aucune envie, mais vraiment aucune….encore une énième histoire de soumission… Comme quoi, l’argumentaire et la 4ème d’un livre comptent, car sans cet e-mail personnalisé ou ma curiosité ou ma disponibilité à l’instant de sa réception, je ne l’aurais jamais lu et serais donc passée à côté d’un bon texte.
Parce que miracle ! J’ai trouvé intéressant et j’ai beaucoup aimé. Non seulement Deux sœurs n’est pas à mes yeux une histoire véritablement SM, mais surtout c’est vraiment de la littérature, l’écriture est excellente, puissante sans effet de style, le récit est abouti, très maîtrisé dans la progression de l’intrigue, la langue érotique reste élégante, pas un seul mot de registre grossier et pourtant tout est dit très précisément, très crûment, rien n’est seulement suggéré ou ne nous est épargné. C’est vraiment un tour de force, cette façon d’avoir su dire et composer ces scènes sans tomber dans les clichés. Cette façon aussi de retranscrire les infimes petites choses qui font que, parfois, le corps accorde ce que l’esprit refuse.
Le livre raconte l’histoire de deux sœurs immigrées qui doivent faire face au chantage crasse de deux flics pourris, pour éviter qu’ils ne dénoncent et expulsent toute leur famille en détention de faux papiers. Le sujet n’est pas éculé en matière de littérature érotique.
Les sœurs doivent passer à la casserole, c’est le récit de ce calvaire mais la beauté de ce livre, c’est que ce clavaire n’est pas glauque grâce à la lumière du fil rouge tendu par l’infinie tendresse des sœurs qui doivent faire face à l’ignoble, cet amour géant de l’aînée pour sa cadette vierge qu’elle veut protéger coûte que coûte, l’amour plus grand que tout, plus grand que l’horreur. Elles géantes et eux lilliputiens, petits, vils. La grande veut protéger Véra, payer cher pour la laisser intacte de l’acte barbare, allez, petite sœur, ferme les yeux, je suis là pour te protéger, ça va passer mon petit loup, tu oublieras ces cons qui nous font ça… Voilà ce que dit l’aînée à Véra, avec d’autres mots et d’autres gestes . Dans tout ce qui va se passer dans le huis-clos, elle n’aura de cesse, pour elle, d’essayer de transformer le sordide en joli moment. Parce qu’elle l’aime, qu’elle est l’aînée et qu’elles doivent résister pour protéger leurs parents aussi.
Lorsque j’ai terminé la lecture de ce texte, il ne me restait plus en tête que cet amour, la douleur transformée en douceur malgré ce qu’il fallu finir par accepter en dépit des promesses des gros connards. Oui, la tendresse des deux filles avait réduit à néant le viol, l’obscénité brute transformée en érotisme et je ne peux pas vous en dire plus à moins de déflorer le sujet. (…le champ lexical..pfff..), alors lisez Les deux soeurs, vous ne perdrez pas vos 2.78 €.
Curieuse comme je suis, j’ai cherché à savoir qui était Théo Kosma et j’ai un peu échangé avec cet auteur mystérieux qui persiste d’ailleurs à me dire qu’il s’agit quand même d’un texte sur la soumission et vous comprendrez sans doute ses raisons en lisant son livre, mais chacun s’empare du texte de l’auteur, après tout. C’est sa première publication et c’est bien un homme… Théo Kosma nous prépare d’autres textes, de cette même qualité j’espère, en tout cas c’est très prometteur.
( NB d’ordre pratique : je regrette juste la présentation en chapitres avec sous- titres, je n’aime pas ces coupures et préfère la fluidité de la lecture)
Les deux sœurs, Théo Kosma, 2,78 € numérique format Kindle (peut être lu sur PC ou Mac, liseuse, tablette, smartphone avec l’appli gratuite d’Amazon à télécharger ici)
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