Enquête sur les lecteurs de livres érotiques

 

Magritte
Magritte

Depuis 2009, les lecteurs que je rencontre dans les salons du livre et les librairies me confient souvent des bribes de leur vie et me racontent ce que leur apporte la littérature érotique. Je suis très curieuse de cette drôle d’engeance qui vampirise nos livres sitôt imprimés…Or, il est très intéressant de constater qu’il n’existe pas de lecteur type de cette littérature, je trouve cela tout à fait réjouissant d’ailleurs.  Apparemment, nos idées reçues sur les lecteurs sont mises à mal.

J’ai eu envie de faire un billet sur ces lecteurs  si souvent oubliés dans les milieux pro et médiatiques où l’on parle volontiers des auteurs, des éditeurs, des chroniqueurs, des prix, des jury, des best-sellers, des libraires mais si peu d’eux. Lecteurs laissés dans l’ombre, seulement évoqués lorsqu’il s’agit de les cibler pour vendre, étudier leurs choix de support de lecture ou de lieux d’achat des livres, vilipendés souvent  par ceux qui ne lisent pas ces livres,  jugés peu cultivés,  peu intellos, dotés de mauvais goût, obsédés du bas ventre… Seules les rencontres dans les salons et les librairies leur permettent d’exprimer leurs attentes.  Certains ont des blogs, mais ils se concentrent  plus sur leurs lectures qu’ils commentent et les auteurs qu’ils critiquent,  plutôt qu’ils nous expliquent leur rapport à la lecture.

Bien sûr,  ce billet n’a rien d’une étude scientifique rigoureuse et ne concerne qu’un petit nombre de lecteurs.  Soit ils se sont spontanément confiés lors de rencontres en librairies ou sur les salons du livre,  soit je lesai  interrogés sur le net en leur soumettant un questionnaire, certaines questions étant volontairement redondantes et croisées pour tenter de débusquer d’éventuelles contradictions. J’ai été tentée de distinguer systématiquement les réponses homme/femme afin d’essayer de voir si les uns et les autres ont des attentes spécifiques à leur sexe. Peut-être…mais j’ai plutôt découvert que la tenace croyance que les hommes recherchent avant tout l’efficacité bandante est fausse. Par contre, il est frappant de constater que les hommes restent très timides lors des  rencontres salons ou librairies mais qu’ils ont  été plus nombreux à répondre à mon questionnaire envoyé par mail… Indéniablement ceux-ci sont plus pudiques, moins à l’aise pour en parler entre quatre yeux…

Voici  donc ce qui se dégage de ma petite enquête. Certaines réponses m’ont été données par des hommes et des femmes écrivant aussi des livres érotiques, recevables bien sûr puisqu’ils  sont aussi lecteurs. J’isole cependant  quelques-unes de leurs réponses car ces lecteurs évoluent  quotidiennement dans l’univers érotique, leur profil est donc différent.

NB : La majorité des lecteurs concernés  par ce billet ont tous quasiment plus de 40 ans. C’est peut-être un hasard mais c’est aussi ce que je constate lors des dédicaces. 

Questionnaire soumis

Je lis souvent des livres érotiques ?

Les femmes en lisent plus que les hommes. La réponse moyenne tout sexe confondu  est 4 à 5 par an. Beaucoup de femmes en lisent plus de 10. Les lecteurs(trices) eux-mêmes auteurs de livres érotiques n’en lisent pas plus, certaines évoquent l’envie de ne pas devenir blasés, donc en lisent de moins en moins pour garder la force de l’émotion, de la rareté. Ecrire le sexe, lire le sexe, faire l’amour, à force d’être gavés de sexe…ils (elles)  ne veulent pas perdre le  plaisir de la transgression.

A quel âge ai-je commencé ?

Les hommes indéniablement (pour 80 % des réponses)   très tôt à l’adolescence, vers 13 ans. Si pas mal de femmes ont lu dès 14/15 ans leurs premiers livres érotiques, beaucoup disent avoir commencé vers 35ans. Certaines avouent avoir découvert ce genre de livres tard, à plus de 40 ans.

Premiers livres érotiques lus,  ou jugés érotiques.

Les plus cités :Feuillets1

Les petits oiseaux d’ Anaïs Nin, (ce titre revient très souvent, notamment chez les femmes)  le boucher d’Alina Reyes, L’Amant de lady Chatterley de David Herbert Lawrence, la Religieuse de Diderot, Histoire d’O,   des San Antonio ou des  SAS,  le Lien de Vanessa Duriès,  Lolita de Vladimir Nabokov, Sade (réponse très fréquente chez les hommes)  l’effeuillée rose revue les Feuillets roses, les onze mille verges  d’ Apollinaire, Gamiani de Musset,  Fanny Hill de John Cleland, Belle de jour de Kessel, la  femme de papier de Françoise Rey…

Ai-je aimé  mes premières lectures érotiques ?

Les réponses sont  très majoritairement Oui. Quelques Non pour causes de pornographie et avilissement des personnages qui n’ont pas été appréciés du tout.  Tous  presque soulignent l’effet bouleversant de leur première lecture qui les a laissés sens dessus dessous, mais beaucoup regrettent  par la suite ne pas avoir retrouvé cette impression, avoir été déçus par la pauvreté des lectures suivantes.

pourquoi un  livre érotique ?

→ les hommes : par  curiosité, espoir d’être surpris, étonné, (c’est rare hélas,  précise l’un d’entre eux) ouvrir l’imaginaire, caractère aphrodisiaque, plaisir de lecture, transcender le quotidien, me rassurer (ne pas être seul avec mes obsessions et pulsions sexuelles) , surmonter les frustrations dans mes relations sexuelles..

→ les femmes :  pour m’évader ; me distraire ;  curiosité ;  évoluer ;  dépasser mes peurs ;  atmosphère moite et cocooneuse que procure la lecture ;  excitation ;  nourrir mes fantasmes, me reconstruire, apprendre les autres, 

De façon étonnante, la recherche d’excitation est très peu citée explicitement. A la  question suivante Cela vous excite-il ?  la réponse Oui n’est pas majoritaire non plus ( 60 %).

Lorsque la réponse est Oui, elle est souvent accompagnée de la précision que ce n’est pas la raison première de ma lecture, ou parfois je masturbe mais c’est rare  (homme),  esthétiquement ou littérairement (femme) ou encore sont modérées par  il s’agit plus d’un trouble, d’une tension  (femme).

Mais d’autres réponses Oui sont  très catégoriques : j’ai même été surprise de l’être par des situations bien particulières, ou encore sont accompagnées de vigoureux points d’exclamation.  

J’enfonce le clou en leur demandant :  un livre érotique  doit-il  nécessairement  m’exciter  ou suffit-il qu’il parle de sexe et de désir ?

Etonnantes réponses, surtout  celles des hommes pourtant réputés avoir envie de s’exciter sur un livre.  Si certains se contredisent parfois, répondent Oui alors qu’ils invoquaient plutôt l’intérêt littéraire dans leurs réponses précédentes,  les réponses Oui ne sont pas majoritairement  si impératives que ça, beaucoup  nuancent, répondent  mais pas forcément, aucune obligation ;  une histoire osée, des choses intimes cela suffit ;   ça dépend des auteurs, des plumes ;  cela me suffit si le texte est plaisant ; plus que m’exciter cela doit stimuler mon imaginaire, m’apaiser ; le terme « devoir » dans la question  est erroné , il n’y a pas de devoir en érotisme ; si cela m’excite c’est un plus ;  j’aime que le temps que je consacre à quelque chose me provoque quelque chose, une réflexion, une émotion…EVE_l

D’autres ne répondent pas Oui, mais proposent d’autres réponses/questions : ça veut dire quoi exciter ? bander, mouiller ou émoustiller l’intérêt ? – ça doit éveiller – ça doit faire voyager, voyager est excitant –  je ne lis pas d’une main – la littérature doit être plus subtile que de faire bander ou mouiller –

Certains, lectrices et lecteurs,  répondent seulement Non, ou Pas forcément, non.

Les lecteurs rencontrés en salon répondent quasiment toujours que c’est un plus mais que ce n’est pas impératif, qu’ils préfèrent un bon texte qui embarque dans de bonnes histoires, bien écrites même si c’est pas bandant à 100%, plutôt qu’un livre masturbatoire sans style ni intérêt, ils préfèrent alors regarder une vidéo porno. Beaucoup disent que de toutes façons ce n’est  pas excitant tellement les fantasmes sont pauvres et récurrents.

La réponse  la plus commune est finalement que l’histoire doit exciter avant tout la tête plutôt que le corps.

Bref, ce sont des réponses qui démentent qu’un livre érotique doit avoir pour seule  fonction  d’exciter physiologiquement.

j’achète où mes  livres érotiques ?

 

 bibliothèque Nordmann
bibliothèque Nordmann

→ hommes : je n’achète plus, j’emprunte ;  sur impulsion à la Fnac (je feuillète) ;  sur internet, à la gare en déplacement (la gare revient très souvent dans les réponses) ;  librairies très peu (jamais de rayon visible, de nouveauté, faut demander)

femmes : en librairie mais  il n’y a jamais rien de nouveau, faut demander ou alors commander, j’aime pas ; sur Amazon ; dans les bouquineries ;  d’occasion ; sur les salons du livre ; sur internet ;  à la Fnac car c’est près de chez moi ; sur internet car il n’y a pas librairie près de chez moi et pas d’érotique dans les hypermarchés ;  en bibliothèque mais il n’y a pas de choix.

 

La plupart du temps, les lecteurs ajoutent que les livres sont trop chers ou pas disponibles ni visibles, que c’est compliqué de lire des livres érotiques, à moins de les commander sur Amazon, sans frais de livraison. Ils  précisent ne pas avoir envie de commander chez leur libraire un livre érotique, la démarche est différente que de le prendre  spontanément sur une table.

Comment je les choisis ?

 

La plupart  font remarquer qu’il n’y a pas de critiques sur les journaux ou à la télé ou radio, donc ils choisissent sur internet, lisent des blogs où l’on en parle, suivent un auteur qu’ils aiment bien, demandent à des amis, vont sur des sites d’auteur ou lisent les 4ème de couverture très importantes à leurs yeux et souvent frustrantes précisent-ils,  certains choisissent d’après la couverture, le titre,  et insistent sur leur importance (hommes) ,  ou encore au hasard  d’une seule phrase glanée en feuilletant ou d’une illustration.  Beaucoup se fient au bouche à oreille. Certain(e)s ont des auteurs fétiches.

Suis-je exigeant  en littérature érotique ? ce que j’aime,  que  je déteste,  ce que je recherche.

 

Très peu répondent Non,  je ne suis pas exigeant, mais il y en a quand même.  Aucune réponse négative en salon ou librairie où les lecteurs se révèlent  être des plus exigeants.  Les quelques femmes ou hommes qui ont répondu Non, ont par ailleurs répondu longuement sur leurs attentes en matière livres érotiques, c’est donc contradictoire…

Visiblement quasiment tous les lecteur(trices) ont de grandes exigences, ils deviennent très prolixes à cette question.  Beaucoup insistent sur le fait que le style, l’écriture doivent être aussi soignés que dans d’autres romans de littérature générale.

Ils détestent quasiment tous les clichés, les mots galvaudés,  la médiocrité,  la fausse pudeur (ça revient souvent) , les fautes d’orthographe, de grammaire, la vulgarité, l’enfilage de mots grossiers tels que bite, chatte, enculer, bourrer, moule, nichons, tringler.. totalement,  d’après eux et elles, ennuyeux et pas excitants, l’histoire bâclée, banalité des situations, les scènes avilissantes (sinon, j’arrête ma lecture et met l’auteur sur mes listes noires dit  un homme). Des femmes regrettent que ce ne soient que des visions hétéro de l’érotisme. Tous  ou presque disent espérer que l’érotisme reste transgressif parce que c’est ça qui est excitant.  Plusieurs hommes disent détester la scatologie, l’urologie.

 

Ils adorent  les visions  sensuelles de la sexualité, mais surtout inattendues (cet espoir d’être surpris, étonné, envoûté par quelque chose d’inattendu revient très souvent chez les hommes).  Ils et elles aiment l’absence du jugement, de morale, qu ’il n’y ait pas de tabou (excepté la pédophilie). Ils veulent que les auteurs soient capables de décrire très précisément et de façon sensible les ressentis des personnages, d’être transgressifs, subversifs.  D’autres espèrent des styles d’écriture  franche ; osée et crue mais élégante, de  belles narrations,   des styles inventifs ;  capables de faire monter le désir ;  de dire le sexe avec des mots adaptés, de créer des tensions  érotiques très fortes. Quelques-unes (pas des hommes) ont dit vouloir du cul, du cul et que du cul qui fasse mouiller ; sans que  ce soit que des personnages qui  pénètrent, sucent, qui branlent et qui giclent , il y a autre chose que ça bon sang…Des femmes disent lire des livres érotiques parce qu’elles n’ont  plus de vie sexuelle,  hors la masturbation, vivant seules.

Miss Van
Miss Van

D’autres lisent pour  un pur plaisir  littéraire, les hommes le disent aussi très souvent, ils mélangent allègrement la recherche littéraire et érotique. Le plaisir littéraire est systématiquement cité et répété, souvent même suffisant à  justifier le livre érotique.

 

Sur les salons ou en librairie,  j’ai constaté que certain(e)s n’avaient jamais lu de livres érotiques. Ils sont curieux, surtout les femmes, très à l’aise. Elles veulent savoir,  est-ce que c’est porno ?  j’aime pas le porno, questionnent beaucoup,  elles ont besoin d’être rassurées. Elles se confient,   parlent de leur sexualité. La plupart qui discutent repartent avec un livre,  parfois fières de leur audace, elles disent espérer s’y trouver, se connaître, je veux rencontrer mon corps,  éveiller quelque chose, beaucoup sont remontées contre leurs amants, compagnons qui échouent à éveiller leurs sens, mais beaucoup vivent dans la solitude, parce que divorcées, célibataires, avec des enfants, sans temps à consacrer à ma vie sexuelle.

Des femmes handicapées lisent des livres érotiques,  de plus en plus visibles sur les salons, elles n’hésitent pas à s’arrêter  devant ma table et disent se sentir exclues de la vie érotique, du sexe ;  moi aussi, j’ai des envies, des rêves. Des femmes  âgées et très âgées lisent aussi ces livres, sont venues à des lectures publiques de textes érotiques. Certaines lisent par goût, parce que  mon corps existe encore,  j’ai encore des rêves érotiques, d’autres par curiosité  je veux savoir à côté de quoi je suis passée.

Des hommes disent vouloir lire avec leur partenaire, pour qu’elle me regarde vraiment ou encore peut-être comprendra-elle que moi aussi j’ai besoin d’être caressé ;  pour délirer ensemble ; ma femme est frigide, elle n’aime pas le sexe, je voudrai la faire évoluer.

D’autres  hommes veulent lire égoïstement, seul,  pour être voyeur, sans qu’on me voit, impression de pénétrer la vie intime de l’auteure , même si se cache un homme sous le pseudo  féminin.   

 

Porno ? Erotique ?

 

Beaucoup s’accordent à dire que la question est dépassée ;   il est dit aussi que  la vraie question serait d’interroger le fossé entre vulgarité et raffinement  (homme) ; que  la frontière est mouvante ; que le porno  dissocie l’acte sexuel des ressentis des personnages, du monde intérieur ;  des femmes déplorent que le porno ne stimule pas l’imaginaire, ni l’intellect au contraire de l’érotisme et que c’est peut-être ça la différence.

 

J’en parle ou pas autour de moi ?

Mis à part si la partenaire n’est pas branchée sexe, les hommes interrogés  ou rencontrés ne se cachent pas du tout, certains s’amusent même à lire dans les transports en commun alors que d’autres, malgré tout s’interdisent de les lire dans les lieux publics.  Trois hommes réclament le secret non pas par honte ou gêne mais pour le plaisir égoïste, l’impression de transgression, de subversion. Ils se cachent et cachent leurs livres, disent que ça perdrait toute la saveur d’en parler, et de lire ça en compagnie.

Les femmes préfèrent lire sans se cacher, en parlent à leurs copines, certaines les laissent dans la bibliothèque malgré leurs ados, d’autres les leur cachent, aucune réponse n’est significative. Ce n’est pas la teneur du livre qui semble faire peur aux mères, (les jeunes voient sur le net bien autre chose) mais plutôt le fait que la sexualité des parents reste taboue.

 

Et les livres érotiques numériques, j’en lis ?ebook-erotisme (1)

La plupart répondent Non ;  je suis un vieux con attaché au papier ; pas de liseuse ; , je suis réac ; ,  j’aime pas l’écran ; je travaille toute la journée sur écran ;   (raison invoquée très souvent, c’est pour moi  une contrainte au bureau, pas de plaisir l’écran) ; pas équipée ;  pas de tablette ;  pas envie ; c’est froid ; ça me déprime l’écran ; l’érotisme sur écran,  dématérialisé, c’est un comble ;  c’est du  sexe virtuel, tourner les pages, c’est érotique ; le bruit du papier j’aime bien.

Les  Oui représentent environ 10%, les femmes évoquent l’avantage de l’avoir toujours partout avec moi ;  c’est discret, pas de regards déplacés de la part des hommes ; c’est pratique juste pour les nouvelles, les textes courts ;  oui, en principal, je l’ai sur moi en permanence (homme).

 

Je m’identifie ou pas aux personnages ?

Antoine Joseph Wiertz
Antoine Joseph Wiertz

Dans l’ensemble, les lecteurs hommes  ne souhaitent pas forcément se retrouver dans les personnages, mais ils aiment imaginer se glisser dans leur peau. On peut  s’identifier à des personnages loin de soi ; j’aime bien quand ça me renvoie à ma propre vie ; Les femmes sont partagées, si beaucoup disent  que l’intérêt de la littérature est de lire ce que l’on ne vit pas soi-même, quelques-unes pointent du doigt l’étonnement d’avoir envie de s’identifier à quelque chose loin d’elles, véritable révélation d’un côté de leur personnalité qu’elles ignoraient. D’autres ne supportent pas de ne pas retrouver leurs propres valeurs, elles veulent justement croire qu’elles sont les héroïnes  coquines du livre.

Il ressort nettement des réponses, malgré tout, le goût à la fois de pouvoir s’identifier comme celui de faire connaissance avec l’inconnu,  très loin de soi. Mais si le désir d’identification peut être un booster de plaisir, certaines admettent que c’est rassurant, familier.

Y-a-t-il une écriture de femmes ?

Les hommes aiment savoir que c’est une femme qui a écrit le livre qu’ils lisent, cela est déjà érotique. Mais ils doutent qu’il y ait réellement une différence, même s’ils auraient tendance à trouver que les femmes abordent les thèmes du sexe sous des angles différents. Toutefois ils ne s’expriment pas sur cette  prétendue différence.

Les femmes répondent quasiment toutes Non ou je ne sais pas. Si ce n’est qu’elles savent mieux écrire le sexe lesbien.  Plusieurs s’insurgent de la question,  une dit précisément pourquoi mettre les femmes à part même en littérature ? Dit-on cela des écrivaines de littérature généraliste ?

Les thèmes abordés dans les livres érotiques contemporains sont-ils novateurs ? Est-ce qu’il m’arrive d’être blasé ?

Les scénarios ne changent pas ;  parfois c’est ennuyeux, toujours les mêmes choses et surtout les mêmes mots, tics de langage ;  seules les manières de se rencontrer sont plus modernes, internet,  le téléphone ;  il y a plus d’humour ;  c’est moins conventionnel. Tout a déjà été raconté bien sûr admettent-ils tous,  mais la musique comporte 7 notes et on continue à créer chaque jour des milliers de chansons, pourquoi n’en serait-il pas de même avec l’écriture ? demande un homme.

Le SM est plus ludique, mieux perçu ; les femmes sont plus épanouies, elles assument leur sexualité dans les histoires ;  Il faudrait quand même que les auteurs fassent marcher leur imagination, construisent des histoires fortes ; yen a marre des femmes soumises non ? dit un homme.

A la question , êtes-vous blasé ? la plupart des réponses sont Oui, parfois.  Certaines précisions : lorsque l’auteur applique  juste des recettes ;  lorsque ça fait 10 fois que j’ai lu le même scénario,  la même fellation, les mêmes mots, et surtout en SM les mêmes postures : yeux bandés, fesses rouges, et la joie d’être chienne répond  un adepte, pourtant, dit-il, des relations de soumission.

Et 50 nuances, ça change quoi ?

On sort enfin un livre du ras de moquette des librairies ;  ça gâche le côté interdit et subversif de l’érotisme ; si ça décoince les culs serrés, c’est bien ;  ça ne va rien changer ; à court terme ça change un peu la donne mais le succès des recettes passé, ça va retomber. Ça change l’état des finances de Lattès ;  ça parle de cul partout, pas d’érotisme.   

 

En définitive, c’est quoi ce mot érotique ?

 

hommes : je ne sais pas ;  un feeling ;  ça rappelle l’émotion de la 1ère fois, le plaisir  de la dernière et l’envie de la prochaine ; ça n’a pas de définition ;   adjectif apéritif annonçant une bacchanale des sens habituellement interdits ; une alchimie dont on ne sait rien ; quelque chose qui fait bander, ça c’est un critère objectif ! ; une magie du verbe qui opère dans une situation précise ; allier scène de sexe au ressenti des personnages ; une promesse ;  une émotion : une tension. Les réponses des hommes sont brèves, ils disent ne pas trop savoir, que c’est magique.

 → femmes : des scènes explicites qui disent le désir et le plaisir ;  qui dit les choses du corps et des ressentis avec les vrais mots ; évoque la relation d’un être à son propre corps et à celui des autres ; un voyage visuel, une imagination ;  l’interdit, le mal  (qui est bon) ; tous les sens excités ; qui excite ; qui met en branle l’imagination ;   qui convoque l’imaginaire ; qui me donne l’eau à la bouche ; qui me fait mouiller, même si ce n’est que la tête.

enquete

  Voici donc une esquisse du lectorat de littérature érotique. Les commentaires sont ouverts pour ceux qui souhaitent l’enrichir.

Merci à tous ceux qui ont accepté de répondre à mes questions ! 

Cette petite enquête ayant représenté beaucoup  de travail, merci de me demander l’autorisation pour utiliser ou republier tout ou partie quel que soit le support, sauf à simplement lier ce billet à votre article s’il s’agit d’un blog.

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9 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Tom Lévêque dit :

    Bonjour,
    Bravo pour cette enquête très intéressante.
    J’ai réalisé une enquête sous forme de questionnaire à questions fermées pour un exposé sur le secteur éditorial de la littérature érotique mais la vôtre m’intéresse aussi. Cela vous dérange-t-il si j’utilise votre enquête pour mon exposé (devant une classe de 20/25 personnes) en le citant bien entendu ?
    Merci !

  2. nanaco dit :

    Est bien mois sa m existe beaucoup de lir,des roman porno sur le net est en livre de poche!
    Soit sa stimul pendant l’amour avec ma femme ou seul dans mon lit,mais mois je me donne du plaisir,ainssi je (n abuses)pas de ma femme,mais ses a chaque fois le boneur.

  3. Jacques dit :

    beau boulot ! je ne lis pas de livres érotiques mais ça donne envie

  4. Sylvie dit :

    C’est pas courant de s’intéresser aux lecteurs et ça change des articles idiots sur les livres érotiques dans les magazines, alors merci merci ! Je ne pensais pas que les hommes étaient aussi délicats, ça fait plaisir, et je me retrouve bien dans les réponses des femmes, ce qui me fait plaisir c’est que ça décomplexe et montre qu’ on a les mêmes attentes que sur d’autres livres, on est pas des primaires, on aime le sexe, l’érotisme, l’excitation, avec le plaisir de la littérature. Sinon, moi, c’est comme dit quelqu’un dans votre enquête je regarde un film porno quand je ne veux que du sexe brut.

  5. rechab dit :

    Il peut y avoir des livres ou auteurs « spécialisés » dans la littérature érotique, mais souvent cette dimension apparaît dans certains passages de livres « ordinaires », et ça apporte un autre regard…
    pour ceux qui sont spécialisés, j’ai lu beaucoup de Alina Reyes, Françoise Rey, et un certain nombre de la collection « le cercle », un de ceux qui m’a le plus marqué est « derrière la porte » de A Reyes, mais aussi un moins directement allusif  » Lucie au long cours », et de Gianni Segré, « la confirmation »…
    Poétiquement aussi, j’aime bien comment Robert Piccamiglio, nous en fait l’évocation d’une façon plus « détachée »

    en fait, ce qui m’intéresse est la sensualité du langage et des « visions transmises », mais aussi, comment les auteurs partagent un imaginaire érotique ( vécu ou fantasmé ), que l’on peut fantasmer à son tour – ou faire partager…

  6. Jill dit :

    Et bien tout simplement bravo et merci pour cette étude des lecteurs et lectrices de littérature érotique. Beaucoup de points communs. Petite anecdote supplémentaire : j’aime beaucoup lire des passages qui m’ont plu à mon homme. Un réel plaisir à partager ainsi un fantasme, ou plus simplement le style et l’originalité d’un auteur.

  7. caty97103 dit :

    Merci de parler ainsi de nous les lecteurs et lectrices ! Je me suis retrouvée dans quelques unes des réponses !
    Caty

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