le droit à une vie sexuelle et l’assistance érotique

Plusieurs choses me laissent perplexe et sans réponse dans cette question du droit au sexe .

La première chose, très épidermique, est la suivante : pourquoi parle-t-on d‘assistanTE du sexe,  en  évoquant les besoins sexuels des handicapés hommes, sans jamais parler de ceux des femmes, sans jamais dire assistanT, au masculin ? Cette féminisation de l’assistance  nécessaire et cette masculinisation du besoin et du désir légitimes  sont systématiques dans les médias et même dans les revendications !  J’entends et je lis :  ASSISTANTE.

L’image de la femme infirmière  devant satisfaire le besoin sexuel vital de l’homme perdure jusque dans le droit au sexe …que réclame les associations  des handicapésC’est dire combien nous sommes encore loin de gagner l’égalité des droits et des devoirs homme/femme …C’est tout à fait symptomatique. Prévoit-on que ce soit aussi des femmes qui procurent du plaisir sexuel au handicapés femmes ? Si toutefois on leur accorde aussi la reconnaissance de ce besoin…

La deuxième chose est dans  logique des choses :   le  » droit à une vie sexuelle et affective » implique forcément en amont, un devoir à procurer du sexe à qui en est privé, qu’elle qu’en soit la raison, puisque nous parlons de droit.  Handicap,  maladie, enfermement, timidité pathologique, isolement,  terrible disgrâce, etc…. Car pourquoi s’arrêter alors précisément au handicap physique ?  Un handicap psychologique est un handicap, l’enfermement est un handicap, le handicap n’est pas forcément visible ni physique.

Il ne s’agit pas bien sûr,  de contester aux handicapés physiques le droit à une vie sexuelle, mais , parlant de droit, on ne peut en exclure tous ceux qui en sont privés pour d’autres motifs. Car le manque, la frustration, leur est pareillement néfaste et je ne pense pas  qu’il y ait une hiérarchie du malheur et de la frustration.

Pour parler franc le droit au logement existe bel et bien, mais les gens dorment encore dans la rue ou s’entassent à  six dans 20m2 crasseux chez des marchands de sommeil….Alors on peut toujours  reconnaître un droit à une vie sexuelle…Mais alors pourquoi pas à une vie sociale, pour ceux qui sont isolés de tous, pour n’importe quel motif. C’est fou, le nombre de gens qui n’ont aucune vie sociale, plongés dans une solitude sidérante.

Que peut-il en être donc de ce droit à une vie sexuelle ?  Y doit-il y avoir une loi en la matière ?  Quels vont être les critères retenus pour y prétendre ? Ces prestations doivent-elles être remboursées par la sécurité sociale ? Quelles sont les personnes qui pourront s’acquitter du devoir de dispenser une assistance érotique ?  en quoi différeront-elles des prostitué(e)s ?

Prodiguer des caresses, montrer son corps, toucher le corps de l’autre, dire les mots du sexe, faire l’amour -ou pas-  pour de l’argent est-il différent de branler, s’exhiber,  mater, dire des mots obscènes, baiser -ou pas- pour du fric  ?  N’y a t-il pas là une certaine hypocrisie ?  Les prostitués, hommes et femmes,   ne soulagent-ils pas  pareillement  des maux du corps et de l’âme ?

Ne serait-il pas plus simple, alors de légaliser la prostitution ?

Certains opposent à ce raisonnement que les travailleuses assistantes  (de genre féminin..)  du sexe seraient formées aux gestes du sexe et de l’affect, voulant ainsi  se distinguer des prostitués, comme si elles et eux, ne savaient rien de tout ça…des gestes qui excitent, qui caressent,  qui apaisent. ..

Faire l’amour est  de l’ordre de l’intime, on ne forme pas à faire l’amour, même sans pénétration,  puisque ceux qui revendiquent insistent aussi sur le fait que le coït est exclu de la  prestation d’assistance érotique… (D’ailleurs, prétendre vouloir normaliser les attentes érotiques des handicapés, c’est lui dire : ça c’est bien, ça c’est mal…)

A ces  arguments, on peut sans doute  rétorquer que la formation sur le terrain, en matière d’affect et de sexe, reste sans doute la meilleure… et que les escorts girls ou boys, ne copulent pas  toujours non plus, s’arrêtant à certains jeux et pratiques érotiques mais ils restent cependant aux yeux de tous, des putes….

Hypocrisie, quant tu nous tiens….

image : Eros, Dali

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