Attends
attends encore,
laisse durer l’attente infernale qui nous ronge et nous énerve
je vois tes mâchoires se crisper sous tes joues, il te tarde de me trousser ou de courber ma nuque sur ton ventre
regarde, regarde, vois comme je tremble de désir pour toi
là, vois-tu je remonte ma robe sur mon ventre
le buisson taillé sur mon mont de vénus fait gonfler mes dentelles
mes cuisses sont chaudes et douces
ne me touche pas
regarde simplement
j’écarte la dentelle sur mes lèvres gonflées et lisses
de tes doigts tu en écarteras les plis et les replis
tu lécheras et renifleras l’écume de la marée de mon désir
tu retrousses déjà les babines sur tes dents blanches dans un sourire de loup
je rabats ma robe, ne regarde plus
penses-y
enivre–toi de cette promesse, rêves-y, écoute Baudelaire :
’Il faut toujours être ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve’.
il sera bien temps que tu pénètres mes ténèbres pour y chercher ta lumière
laisse ton désir te saouler, te tendre, vibrer,
c’est ainsi que tu vis
lorsque tu auras posé ta bouche sur la pointe durcie de mon sein, tu auras déjà un peu pillé le temps dédié à ton plaisir,
sous ma peau la fièvre distille ses frissons brûlants
attache- moi les mains que mes doigts ne cherchent pas ta verge impatiente
empêche moi… que je me vautre et me torde de désir, encore et encore
je jouis à petit feu d’attendre
attendons encore, le temps n’est rien
je regarde ton sexe qui dit oui qui dit non
écoute encore ces Paradis Artificiels :
’et si quelquefois sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, demandez à la vague, à l’étoile à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent et la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront ‘il est l’heure de s’enivrer ! pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse !’
je me couche sur le flanc
je te regarde le ventre creux
je diffère
de ma bouche entr’ouverte coule un filet de salive
je tends mes mains empêchées vers la douceur de ton sexe au garde à vous
je suspends le temps au clou
tu soulèves d’un doigt ma robe et fais glisser la dentelle de ma lingerie au milieu de ma fente en la remontant sur mes hanches très haut
tu poses un miroir près de mon fruit défendu tout juteux afin qu’il te renvoie l’image en gros plan
je suis grosse de mon envie de toi
pleine
ton sexe seul n’est rien
je te dévore des yeux
rien ne m’échappe
je sais tes veines qui tapent le tempo de ton attente dans ton cou au diapason du métronome de ta queue
tes tétons rétractés que je vais mordiller
ta bouche asséchée, assoiffée qui rêve de s’abreuver aux sucs de ma fente
tes pieds aux orteils écartés que tu frottes l’un à l’autre
je lècherai et sucerai tes orteils uns à uns comme des petites queues
assise à tes pieds les cuisses écartées je chausserai ton pied gauche trempé dans la soie de mes chairs
attends encore
tu grognes
tu m’insultes
oui je nous allume
je veux que ça dure
nos mains vont se prendre et se déprendre
nos jambes se mêler, s’emmêler
nos bouches s’égarer , se perdre,
tu vas fouiner partout, me fouiller, me remplir, me transpercer
tes mains vont me tordre, m’écarteler, m’ouvrir
je vais tracer sur ta peau un labyrinthe de ma langue rose
je parviendrai jusqu’à toi
nous calmerons notre ardeur tes lèvres sur ma bouche
ton sexe tour à tour dans ma bouche ,dans mon con, dans ma croupe
puis se reposant sur mes seins
mes jambes en écharpe autour de ton cou
tes cheveux sur mes fesses
non ne me fais pas jouir
ta bouche n’a que faire de mes plaintes
tes lèvres me happent, ta langue s’engouffre dans la brèche
mon con gargouille
ma chaloupe ballottée par la tempête se fend et prend l’eau
je coule
naufragée je m’agrippe à toi
mes cuisses enserrent ton visage que je presse sur mon sexe
tu relèves la tête vers moi barbouillé de mon jus
j’embrasse ton cher visage
je baise ta bouche tuméfiée
mon ventre tremble
je suis avide de toi
maintenant oui
je viens à toi
que lentement tes désirs épousent les miens
maintenant oui
maintenant que nous avons suspendu le temps
prenons-le pour nous aimer
ta queue tangue contre mon ventre
je m’accroupis sur toi
mes paumes de main dans les tiennes
je glisse et m’amarre sur ton sexe
je mouille ton ventre
tes mains quittent les miennes , empoignent mes fesses
je glisse et m’allonge sur toi
attends encore un peu
tes reins se creusent et s’arrondissent
me creusent et m’arrondissent
attends
attends encore
laisse durer encore
je me dégage
sur ton sexe luisant
les veines saillent et sculptent ton désir
attends
ton sexe comme une lame tranchante
dans ma bouche me coupe la parole
je te tourne le dos , m’allonge sur ton ventre
ma bouche sur tes chevilles
tes mains sur ma croupe
ta main guide ta tige brûlante
tu la regardes disparaître en moi
tu t’empares du temps .
-Extrait de L’eau à la bouche-
* en italique, vers de Baudelaire